QU’EST-CE QUE L’INSENSIBILITÉ À L’HYPOGLYCÉMIE?


 

Si vous êtes comme environ 40% des personnes vivant avec un diabète de type 1, il vous arrive probablement de ne pas ressentir les symptômes de l’hypoglycémie. Il s’agit d’une complication du DT1 au cours de laquelle les personnes font une hypoglycémie grave mais ne la ressentent pas. Les définitions et les taux d’incidence varient d’une étude à l’autre, mais après avoir lu un certain nombre d’études, je pense que 40% est un chiffre bon à jeter. Les personnes qui ne ressentent pas les symptômes de l’hypoglycémie courent un risque six fois plus élevé de développer des complications telles que des arythmies cardiaques, un développement neurologique altéré pendant l’enfance voire même la mort dans le cas où la personne ne ressent pas l’hypoglycémie.

Lorsque votre système nerveux est fréquemment exposé à de faibles taux de glycémie, la réponse à ces baisses est atténuée et le seuil auquel vous ressentez des symptômes tels que la transpiration, des palpitations, la faim, des étourdissements et l’anxiété se réinitialise.

Cette réponse s’est avérée moindre même après une hypoglycémie récente ! Donc, si vous faites beaucoup d’hypoglycémie, votre corps ne veut pas être affaibli par ces hypos et s’adaptera. Il existe des études qui montrent que pendant les hypoglycémies légères, les personnes qui ne ressentent plus les symptômes de l’hypoglycémie reviennent plus rapidement dans la cible une fois que la glycémie normale est rétablie que celles qui ressentent leurs hypos ; en d’autres mots, le cerveau est moins affecté par cette légère hypoglycémie.

Cela peut créer un cercle vicieux – lorsque vous ne répondez pas aux hypos, vous finissez par aller encore plus bas avant de le traiter, réinitialisant le seuil de réponse de votre système nerveux et vous rendant encore moins susceptible de ressentir votre hypo la prochaine fois, ce qui augmente le risque d’hypoglycémie sévère et  de décès. Ce serait formidable si nos nerfs ne s’adaptaient pas, mais nous sommes coincés avec le système que nous avons, et parfois ce système conduit à un manque de sensibilité aux hypoglycémies et à une hypoglycémie grave ou potentiellement mortelle.

Le plus important est que nous savons avec certitude que plus nous faisons d’hypoglycémies plus le manque de sensibilité à l’hypoglycémie s’accroît, ce qui est vraiment une bonne nouvelle. Parce que même si nous ne savons pas exactement comment cela se produit, savoir pourquoi nous ne ressentons plus les hypos nous aide à prévenir, à gérer et le traiter cette insensibilité.

COMMENT TRAITONS-NOUS L’INSENSIBILITÉ À  L’HYPOGLYCÉMIE?

Heureusement, le traitement est simple: faites moins d’hypos et vos nerfs s’adapteront à nouveau à un seuil de sensibilité plus faible, améliorant ainsi votre sensibilité.

Plus facile à dire qu’à faire, non? D’autant que de nos jours, le traitement de référence pour le DT1 est une insulinothérapie intensive avec un objectif d’HbA1c inférieur à 6,5% pour améliorer les résultats à long terme de la morbidité et de la mortalité. Ce qui est génial ! Mais des hémoglobines glyquées aussi basses sont également associées à une multiplication par trois du risque d’hypoglycémie. Ce n’est pas surprenant et cela peut entraîner toutes sortes de morbidité et de mortalité.

COMMENT POUVONS-NOUS FAIRE MOINS D’HYPOS TOUT EN SÉCURITÉ ?

Alors, comment concilier cela et atteindre l’objectif d’euglycémie (terme technique qui désigne un taux normal de glucose dans le sang) tout en améliorant et maintenant notre sensibilité à l’hypo et éviter une hypoglycémie sévère?

Le consensus général est que la meilleure façon d’y parvenir est de tirer parti de la technologie de surveillance continue de la glycémie (MCG). Intuitivement, il est logique que si nous pouvons voir que nous nous dirigeons vers une hypo, nous pouvons la traiter plus tôt ou l’éviter complètement, aidant nos nerfs à apprendre une nouvelle normalité et finalement à réinitialiser leur seuil de symptômes. Ceci est encore plus significatif et précieux pendant le sommeil, lorsque nos réponses sont émoussées de toute façon et que toute aide à l’identification des symptômes est la bienvenue !

L’American Association of Clinical Endocrinologists (AACE), l’American College of Endocrinology et l’American Diabetes Association ont tous publié des déclarations récentes recommandant l’utilisation d’un système MCG chez les patients DT1 qui ne ressentent pas les symptômes de l’hypoglycémie ou qui font des hypoglycémies sévères ou fréquentes.

Cela dit, la plupart des personnes qui étudient l’insensibilité à  l’hypoglycémie affirment qu’une amélioration à cette sensibilité demande un travail intensif de la part du patient, du médecin et de toute l’équipe médicale. Ils doivent travailler ensemble pour prévenir et / ou réduire l’hypoglycémie en dosant prudemment l’insuline, grâce à un régime alimentaire, de l’exercice physique, des médicaments et une surveillance, quelle que soit l’utilisation du capteur de glycémie.

Que doit-on retenir ? En travaillant avec soin avec votre médecin pour reconnaître et prévenir l’hypoglycémie, il est possible de prévenir et d’inverser l’insensibilité à  l’hypoglycémie et tous les fardeaux qu’elle entraîne. Il est possible de se dépasser !

RÉFÉRENCES►

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WRITTEN BY Jordan Hoese, MD, MPH , POSTED 04/14/21, UPDATED 01/12/23

Jordan Hoese, MD, MPH est un médecin en médecine familiale dans le sud de l'Oregon. Elle a reçu un diagnostic de diabète de type 1 à l'âge de 12 ans et a couru sept marathons, dont celui de New York avec Beyond Type Run en 2017! Elle fournit des soins médicaux dans des milieux communautaires aux ressources limitées et aide les gens à comprendre et à prendre leur santé en main. Ses passe-temps sont la course, les voyages, la randonnée, le camping, le yoga, une alimentation saine, le café et passer du temps à la maison avec son petit ami et leurs trois chats.