“Ma créativité me rend plus forte que le diabète” : les dessous de la création de la boutique My Lovely Bird.


 

Dans quelle partie de la France vivez-vous, comment est la vie là-bas?

Je m’appelle Tine. Je suis danoise et je vis en France depuis 1984. Mariée à un français depuis 1991, j’habite dans un petit village au milieu des champs, près de Toulouse, dans le sud-ouest de la France.

Mon entreprise, My Lovely Bird, se situe dans une partie de la maison, et j’avoue que c’est un vrai bonheur de ne pas perdre de temps dans les transports pour aller au travail, et d’être au calme, entourée de verdure.

Même si la contrepartie c’est que ça n’est pas toujours facile de réussir à séparer le temps de travail et la vie privée.

 

À propos du diabète : comment est-il entré dans votre vie ? Nous aimerions connaître l’histoire de votre diagnostic. Cela a-t-il été difficile pour vous de l’accepter ?

J’ai été diagnostiqué diabétique tardivement, à 48 ans. Cette année, j’ai fêté mes 7 ans de diabétique.

Une grosse perte de poids, qui me faisait bien plaisir, avait quand même fini par m’inquiéter.

Je sortais de deux opérations de la cheville, j’avais perdu mon travail de directrice d’une boutique de prêt-à-porter, et je venais de monter mon entreprise de création de bijoux fantaisie.

Mon médecin m’a prescrit une prise de sang, et le diagnostic est tombé, diabétique type 1. C’était évidemment un coup de massue, mais bizarrement j’ai assez bien encaissé la nouvelle. Dès le début j’ai pris les choses en main, je suis allée à la pharmacie chercher mes stylos d’insuline, et j’ai fait ma première injection en me disant qu’il fallait bien que je me débrouille, vu que là, c’est pour toute ma vie.

Quand j’en ai eu assez de manger pile la quantité de glucides donnés par mon diabétologue, je me suis formée toute seule à les compter ! Je voulais pouvoir manger comme avant, et comme je voulais. Je précise quand même que j’adore les légumes, les graines et l’alimentation saine en général.

À propos de My Lovely Bird : Comment est née l’idée de créer votre boutique d’accessoires? Aimez-vous avoir des activités liées au diabète? Quels sont les produits préférés de vos acheteurs ?

En 2017, j’ai eu mon premier capteur FreeStyle Libre et j’étais heureuse de cette avancée. Mais j’ai immédiatement voulu trouver une solution pour le rendre aussi joli que les bijoux que je créais à l’époque.

Après pas mal de recherches, j’ai réussi à créer mes premiers stickers et je les ai mis sur ma boutique de bijoux, en me disant que d’autres diabétiques pouvaient avoir envie de customiser leurs capteurs. C’était le début de My Lovely Bird, créations d’accessoires pour les diabétiques.

Les ventes ont décollé et au bout de quelques mois j’ai pris la décision de laisser tomber les bijoux pour me consacrer entièrement au monde des diabétiques.

La boutique My Lovely Bird s’est agrandie, et depuis 2 ans Jean-Christophe, mon mari, a rejoint l’entreprise. Il s’occupe des commandes, de la création 3D et du site web.

Aujourd’hui on y trouve, en plus des stickers (il y a plus de 1000 modèles différents), des brassards de maintien pour les capteurs de glycémie et pour les pompes Omnipod que l’on fabrique de A à Z dans notre atelier. Je crée aussi des trousses et des sacs avec des phrases « clin d’œil au diabète ». Autant dire qu’entre les imprimantes 3D, le plotter de découpe des stickers et la machine à coudre, nos journées sont bien remplies!

Et ce que l’on ne fabrique pas, je le trouve dans le monde entier dans des petites entreprises créées par des diabétiques, comme moi. Nous partageons la même philosophie et le même quotidien, c’est plus facile pour se comprendre et se faire confiance. J’ai ainsi trouvé des patchs de maintien et des coques pour nos dispositifs et flacons d’insuline.

Pensez-vous que la créativité et le diabète sont liés ? Si c’est le cas, comment ?

Ma créativité me permet d’être plus forte que le diabète, et même au-delà.

En 2020 j’ai eu un cancer du sein. Oui, encore un coup dur à surmonter. Et je suis persuadée que le fait d’avoir continué à créer et à travailler tout le long des traitements, m’a aidé à passer cette épreuve.

Qu’aimeriez-vous partager avec Beyond Type 1 en français et ses lecteurs ?

Je suis toujours à l’affût de toutes les avancées qu’il y a pour nous, les diabétiques.

Après mes premières années sous stylos, j’ai aujourd’hui la chance de porter une pompe à insuline et d’avoir la boucle fermée depuis 5 mois.

J’avais un peu peur de porter une pompe à insuline, mais je me suis vite rendue compte que c’est un vrai confort dans ma gestion du diabète. Et la tant attendue boucle fermée m’a permis de tellement alléger ma charge mentale que, par moments, je ne me sens même plus diabétique.

 

Avez-vous déjà participé à des activités avec d’autres personnes atteintes de diabète ? Avec qui ?

Grâce aux réseaux sociaux je ne me sens pas du tout seule avec mon diabète. Et fin mai, je vais pour la première fois passer 4 jours avec d’autres membres de l’Association française des femmes diabétiques.

WRITTEN BY Lucía Feito Allonca de Amato, POSTED 05/25/22, UPDATED 05/25/22

Lucy vit avec le diabète de type 1 depuis 30 ans, a la double nationalité espagnole et argentine et est diplômée en droit de l'Université d'Oviedo. C'est une partie active de la communauté du diabète en ligne, un sujet dans lequel il est constamment mis à jour. Il est également patient expert en maladies cardio-métaboliques chroniques de l'Université Rey Juan Carlos et militant pour les droits des personnes de la communauté LGBTQ+